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L’art du décaissement

5 mars, 2022

Marc André Castonguay, CFP, CIM


Dans la planification du revenu de retraite, il n’y a pas d’approche uniforme optimale pour tous. Pour maximiser la durée de vos placements, une stratégie de décaissement réfléchie est essentielle.


Quand vient le temps de faire des retraits de ses placements durant la retraite, choisir la bonne combinaison de revenu peut allonger la durée de votre portefeuille. La raison principale derrière ce phénomène est le fonctionnement de notre système fiscal qui utilise des taux d’imposition progressifs : plus le revenu est élevé, plus le taux marginal d’impôt sera élevé. De plus, différents types de revenu sont imposés différemment, il y a une variété de crédits d’impôt disponibles et il existe des mesures de récupération (perçues comme une taxe additionnelle) sur certains bénéfices du gouvernement comme la pension de Sécurité de vieillesse (SV) pour les contribuables ayant un revenu net annuel supérieur au seuil établi.


Regardons les scénarios suivants pour voir l’impact de deux stratégies de décaissement différentes sur le revenu de retraite. Sandra, une résidente du NB âgée de 65 ans, vient de se retirer. Elle a besoin d’un revenu annuel après impôt de 81 000 $, soit 6 750 $ par mois, pour couvrir ses dépenses liées à son style de vie durant la retraite. En plus de recevoir un montant brut de 16 000 $ chaque année des bénéfices combinés du Régime de pension du Canada (RPC) et de la SV, Sandra détient les comptes de placements suivants :


- 1 000 000 $ dans un REER (qui sera transformé en un FERR pour les retraits, pas plus tard que l’année où Sandra aura 71 ans pour éviter que le plein montant soit imposable). Nous ferons référence à « compte enregistré » pour ce compte;


- 125 000 $ dans un CELI; et


- 300 000 $ dans un compte non-enregistré (ou imposable).


Nous assumons que son portefeuille équilibré générera un rendement annuel net de 5 %. Ce rendement est composé des éléments suivants : 25 % en intérêt, 15 % en dividendes canadiens, 15 % en dividendes étrangers et 45 % en gains en capital différés. Pour fins d’impôt, nous tenons comptes des crédits d’impôt habituellement disponibles pour les contribuables comme Sandra. Pour garder ces illustrations simples, nous allons ignorer l’inflation et nous assumons que les dépenses de retraite de Sandra sont les mêmes à chaque année. Voici les résultats.


Scénario 1 : En utilisant une règle générale populaire de « différer les retraits du REER le plus longtemps possible », les retraits se feront d’abord du compte non-enregistré, ensuite du CELI et finalement du compte enregistré (quoiqu’un retrait annuel minimum devra être fait dès l’année suivant la transformation du REER en FERR). Avec cette approche, Sandra peut couvrir ses dépenses pleinement jusqu’à l’âge de 95 ans. Sa facture d’impôt sera plus basse durant les premières années de la retraite, mais plus tard, son revenu en entier sera pleinement imposable résultant en un taux marginal d’impôt plus élevé et une reprise partielle de sa pension SV.


Scénario 2 : Avec une approche de « sources de revenu diversifiées », nous effectuons des retraits de plus d’un compte à la fois. Durant les premières années, nous retirons 35 000 $ par année du compte enregistré et le solde des dépenses annuelles sont couvertes par des retraits du compte non-enregistré. Les retraits du compte enregistré augmenteront l’année suivant la transformation du REER en FERR (à 71 ans) puisqu’un retrait annuel minimum basé sur la valeur totale du compte doit être fait. Lorsque le compte non-enregistré sera liquidé, des retraits du CELI seront effectués. Avec cette approche, les reprises partielles de la pension SV sont moins élevées que dans le premier scénario et nous avons un meilleur contrôle sur le revenu imposable de Sandra pour la maintenir à un niveau d’imposition plus favorable pour la durée de sa retraite. Dans ce scénario, Sandra peut couvrir ses dépenses pleinement jusqu’à l’âge de 98 ans.


Lorsqu’on compare les deux scénarios, certains trouveront que de couvrir trois années additionnelles de dépenses, ce n’est pas énorme. Mais puisque ceci est possible simplement en ajustant la stratégie de décaissement, je crois que ça vaut la peine pour le montant additionnel de 243 000 $ après impôt.


La meilleure solution pour Sandra n’est pas nécessairement la meilleure solution pour tous. Chaque situation est unique et il peut y avoir plusieurs variables à considérer. Il y a aussi des éléments comme des placements détenus dans une société, des dépenses imprévues importantes et le fractionnement de revenu entre époux ou conjoints de fait qui ajoutera un niveau de complexité à la stratégie de décaissement. Le point important à retenir est que pour votre revenu de retraite, les règles générales ne sont pas la meilleure approche. Prendre le temps de consulter un conseiller professionnel pour développer une stratégie de décaissement adaptée à votre réalité pourrait vous donner plus d’argent dans vos poches.


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Marc André Castonguay, CFP®, CIM® est Directeur, planification financière chez Placements Louisbourg. Vos commentaires et questions peuvent être soumises par courriel à marcandre.castonguay@louisbourg.net.




Cet article est pour information générale seulement et ne constitue pas des conseils financiers, fiscaux, comptables ou légaux. Les opinions exprimées dans cet article sont propres à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de Placements Louisbourg.

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